L’imaginaire infantile est un très bon terrain de jeu pour qui veut raconter une histoire d’horreur. Come Play fait partie des sorties DVD, qui méritent qu’on s’y attarde quelques instants.

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La techno au secours des enfants

Oliver n’est pas un enfant comme les autres. Son trouble n’est pas clairement identifié ni indiqué durant le film. Le spectateur doit se contenter de savoir qu’il ne parle pas. Pas parce qu’il ne le peut pas physiquement. Simplement, les mots ne sortent pas. En dehors de cela, c’est un petit garçon intelligent. Sur son téléphone, il utilise une application qui utilise des symboles pour former des phrases et les dire à haute voix.

C’est à l’école qu’il rencontre des difficultés. Accompagné d’une auxiliaire de vie scolaire, il a le droit de garder son téléphone portable en classe, pour communiquer. Ce qui déclenche la jalousie des autres enfants. L’enseignant évacue le problème en disant qu’Olivier ne joue pas à Fortnite pendant les leçons, ce qui fait qu’il peut garder son téléphone en classe.

La réponse du professeur est déconcertante, mais se comprend dans le déroulé de l’histoire. Il aurait tout simplement pu dire que le téléphone d’Oliver n’avait pas la même finalité pour lui que pour ses camarades. Il ne s’agit pas d’avoir une distraction dans la classe, mais une aide à la participation.

On ne compte plus les reportages et les articles de presse qui conspuent l’utilisation des nouvelles technologies par les enfants, notamment le sacro-saint « temps d’écran » des chérubins. Ils sont souvent émaillés de « conseils avisés » tels que « de mon temps, on jouait pendant des heures avec un caillou ». S’il est vrai que coller une tablette dans les mains d’un bambin de six mois n’est peut-être pas la meilleure idée qui soit, dans le cas des enfants qui présentent certains troubles, cela peut avoir un intérêt.

Une tablette pour Oliver

Joue avec moi

En dehors de son smartphone, Oliver a une tablette offerte par son père. Il travaille dans une sorte de péage et trouve dans un carton, une tablette presque neuve. La famille ne roulant pas sur l’or, tout le monde est ravi de cette découverte. Oliver joue avec et surtout, s’en sert pour écouter inlassablement son histoire favorite.

Comme le lecteur s’en doute, la tablette contient une application, qui n’est pas vraiment ni native ni disponible sur l’Apple Store ou Google Play. Sur ce point, on est sur une thématique très classique dans les films d’horreur, à savoir les objets envoûtés ou enchantés ou possédés par un esprit. En matière de technologies, il est vrai qu’on s’attend plus à ce qu’il y ait une composante piratage de l’appareil, mais cela est trop rationnel, trop scientifique. Initialement enthousiasmé, Oliver commence à en avoir peur et sa terreur ne va que crescendo quand l’entité s’en prend à ses camarades de classe, venus faire une soirée pyjama, sur l’insistance maternelle. Cette dernière est désemparée : elle ne sait plus quoi faire pour aider son fils. Elle a l’impression d’avoir échoué, que son fils ne l’aime pas et pourtant, elle mobilise ses maigres ressources en continu.

Le père est beaucoup plus serein, plus détaché face aux troubles que présente son fils. Il fait avec, lui aussi avec les moyens du bord. Sa démarche est celle de l’acceptation de la situation alors que son épouse cherche à la combattre.

Dans la lignée de Mama

Si vous avez vu Mama, vous remarquerez des ressemblances avec Come Play : un enfant différent, qui vit dans son monde, une entité un peu malveillante, mais pas trop et une fin très poétique. La photographie, assez sombre est également assez similaire, tout comme la bande sonore très épurée.

Le résultat final est un film tout en finesse et en poésie. C’est un film d’horreur, mais c’est aussi un film sur la parentalité. La seule différence est qu’il y a un monstre au milieu. On ne connaît pas son origine, on ne sait pas comment il a été créé ni pourquoi il a choisi de se nicher dans une tablette, mais il est présent.

On ne s’attarde pas sur la création du monstre, car cela n’a pas réellement d’importance. Ce qui reste est un malaise, qui s’installe tranquillement, de façon insidieuse, qui est amplifiée parce qu’il s’agit d’enfants. Quand un enfant dit voir un monstre dans son placard ou sous son lit, en tant qu’adulte, on ne le croit pas. On part du postulat qu’il s’agit d’une invention, d’une terreur enfantine.

Nos terreurs d’adulte se veulent plus rationnelles, plus mathématiques, plus construites et on appelle cela des angoisses. Elles sont pourtant aussi irréelles que les terreurs d’enfants. Nous n’avons plus peur des monstres sous notre lit, mais nous nous fabriquons d’autres monstres. Peut-être que certaines personnes ont besoin de se faire peur, tout simplement pour fonctionner.

Come Play est disponible en DVD et en Blu-Ray.

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